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Accompagner ces vies qui s'éteignent

Un ex-collègue volontaire aux soins palliatifs

by Alan Lenglet, DG HR

19/11/2018


Comment les patients en phase terminale vivent-ils leurs derniers moments sur un lit d'hôpital? Quelles émotions surgissent avant de rendre le dernier souffle? C'est ce dont parle notre collègue retraité, Attilio Stajano, dans un livre qui reprend les moments forts de son volontariat aux soins palliatifs d'un hôpital bruxellois. Sa rencontre avec le docteur Stroobant, précurseur belge des soins palliatifs, l’incite à suivre une formation à l’accompagnement dans ce domaine, et depuis 2009, deux fois par semaine il rencontre, écoute et échange avec ces femmes et hommes en fin de vie.

Que faisiez-vous à la Commission avant de prendre votre retraite?

A la fin des années 70, le projet Davignon m'a fasciné; il définissait une nouvelle stratégie en matière de recherche et de développement, mettant en place un premier programme-cadre de recherche et de développement technologique. J'ai travaillé dans ce domaine pendant plusieurs années avant de terminer ma carrière à la Commission sur des projets liés à la valorisation de la recherche. Après cela, pendant 10 ans, j'ai travaillé dans l'enseignement notamment à l'Université de Bologne. Je donnais des cours sur la politique de la recherche en Europe. Je voulais partager mon enthousiasme pour le projet européen. J'ai également écrit des ouvrages sur le sujet. Malheureusement, j'ai dû m'arrêter, l'université ne recevant plus les subventions nécessaires. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré le Dr Stroobant.

Parlez-nous de votre expérience de volontaire dans des services de soins palliatifs…

Accompagner des personnes en fin de vie ce n'est pas, comme on serait tenté de le croire, quelque chose de triste ou de morbide. Non, au contraire, c'est un moment de pure rencontre. Il n'y a plus rien d'autre que l'instant présent, que l'autre avec nous. Bien sûr, c'est parfois un peu stressant, on ne sait jamais ce qu'il va se passer. Par contre c'est toujours un moment de grande humilité durant lequel il faut accepter d'attendre que le malade entre en communication avec nous.

Il s'agit de transmettre aux malades un message de confiance, d'espoir et d'amour

Et puis vous savez, il y a beaucoup de solitude, beaucoup de malades qui se sentent seuls. Etre présent pour eux c'est offrir un cadre de dignité. Il y a quelques temps déjà, j'ai rencontré un monsieur qui me disait « je peux bien mourir maintenant, je ne vaux rien, je n'ai rien fait de ma vie ». En discutant avec lui, en remontant le fil de son histoire, nous avons trouvé un acte important qu'il avait posé dans sa vie, une personne qu'il avait sauvée. J'ai retrouvé cette personne et elle a accepté de venir parler à ce monsieur. Un peu grâce à cela, cet homme a pu partir avec sérénité, avec un sentiment positif. Je pense qu'il faut toujours extraire le positif de toute vie vécue. Elles ont toutes un sens, tout le monde a eu des moments qui peuvent aider à se construire une image positive de soi-même. Cela peut aider à ne pas sombrer dans l'angoisse ou la dépression.

Cette expérience vous apporte beaucoup personnellement, j'imagine ?

Oui c'est certain. Je peux dire que je connais et comprends mieux la condition humaine. Cela permet d'accepter ce que nous sommes et ce que nous devenons. Par deux fois, j'ai récemment failli mourir et je me suis dit que ce n'était pas comme ça que je voulais partir. Je veux avoir le temps de dire merci, d'accepter que l'on ne peut pas avoir tout réglé. C'est aussi cela que m'apportent mes rencontres avec les malades aux soins palliatifs.

Que diriez-vous aux collègues qui voudraient se lancer dans cette aventure ?

Je leur dirais que ce n'est vraiment pas compliqué. Il ne faut pas en avoir peur, même si la mort fait souvent peur. Il s'agit avant tout de transmettre aux malades un message de confiance, d'espoir et d'amour. De confiance envers les médecins et les équipes médicales qui seront présents avec le patient jusqu'au bout. D'espoir, en créant un cadre serein et de soutien. D'amour, en montrant simplement que les personnes ne sont pas seules, qu'elles sont aimées, qu'elles ont le droit de se laisser aimer, d'exprimer leurs sentiments et leurs craintes, sans craindre de se montrer telles qu'elles sont.

Je pense également que l'on ne peut réellement connaître la condition humaine sans aller voir l'hôpital. On n'ose pas car on a peur de sa propre mort, mais c'est comme mettre de la poussière sous le tapis: on cache, mais c'est toujours là.

Vous en avez même fait un livre…

Oui, aller à l'hôpital comme volontaire, faire ces rencontres, ça enrichit, ça fait comprendre ce qui compte réellement dans la vie. C'est pour ça que j'ai écrit Prends mes mains dans les tiennes, disponible en italien, en français et en anglais. Je veux partager cette expérience avec le plus grand nombre. Il reprend une série de rencontres que j'ai faites à l'hôpital. Ce sont des paraboles pour essayer de faire passer un message d'humilité, d'amour et de générosité. Lorsque j'interviens lors de séminaires de préparation à la retraite, j'espère toucher de la même manière des collègues et leur donner l'envie de rejoindre cette incroyable aventure humaine.

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Attilio Stajano
Attilio Stajano


Alan Lenglet

​Alan est responsable des relations avec les anciens fonctionnaires au sein de l'unité « condition de travail et de bien-être » de la DG HR.